Sortir : La légende dit que le baroque pour vous, ça a été comme une révélation...
David Théodoridès (directeur de Sinfonia en Périgord) :
En fait, ça date de 1987 : je suis allé à un festival avec mon père et là, on a assisté à un concert extraordinaire de l'Ensemble Clément Janequin, présentant Les Sept Paroles du Christ en Croix, de Heinrich Schütz... et oui, ça été vraiment une révélation, ça m'a bouleversé. Derrière, lorsque trois ans plus tard avec mon père avons décidé de monter un festival, j'ai insisté pour qu'il ait une forte connotation baroque. Tout ça alors qu'à la base, je ne connaissais pas du tout ce répertoire.

Sortir : Justement, qu'est-ce qui vous plaît particulièrement dans la musique baroque ?
D. Théodoridès :
Pour moi, il se passe dans la musique baroque des choses qu'on ne retrouve pas ensuite avant le XXème siècle, dans les prises de risque, l'harmonie, les thématiques, les rythmes... Lorsque le mouvement s'épuise après Bach, on retourne à des choses plus classiques, plus convenues. Ce qui fait du baroque le répertoire le plus moderne de la musique classique. En plus de ça, il est d'une richesse infinie, d'où la volonté de faire partager cette richesse au plus grand nombre.

Sortir : Ce que vous faites depuis 20 ans maintenant...
D. Théodoridès :
Pendant ces 20 ans, on a été davantage un festival de découvertes : Philippe Jaroussky par exemple a fait ses premiers pas ici avant de devenir une grande star du chant, des enfants aussi ont débuté au festival et connaissent aujourd'hui une belle carrière. Il y a eu aussi des moments magiques avec de véritables légendes du répertoire comme Jordi Savall... Le principe du festival, c'est ça : ne pas aborder une thématique particulière mais balayer toute la diversité qu'offre le répertoire baroque, entre récitals et grands ensembles, de Bach à Monteverdi, en passant également par des moments plus intimistes. La musique, ce n'est pas une oeuvre mais des intentions, des moments différents, afin que le public s'y retrouve, qu'il s'émerveille crescendo au fil de la journée et de la programmation.

Sortir : Le tout dans des endroits bien particuliers...
D. Théodoridès :
Tous les concerts ont lieu dans des lieux patrimoniaux, châteaux, églises, abbayes... c'est important lorsqu'on a la chance d'avoir une région particulièrement riche en ce qui concerne l'architecture traditionnelle. C'est un plaisir de faire vibrer les églises, avec une telle authenticité de sons, on en prend plein les yeux et plein les oreilles.

Sortir : Et donc le programme de cette édition 2010 ?
D. Théodoridès :
Cette année, on a affiné quelque peu la formule, ramenée à six jours, mais avec le même nombre de concerts. On va fêter particulièrement les 400 ans des oeuvres de Monteverdi, recevoir un ensemble tchèque emmené par Vaclav Luks, un grand opéra le samedi soir... on pourra également découvrir cette musique de façon différente à travers la poésie occitane du voyage de Peirol d'Auvernha. Toutes les sonorités baroques seront présentées pendant ces six jours. Enfin la cerise sur le gâteau, ce sera la Nuit de la musique baroque, inaugurée cette année, avec un ensemble qui va balayer 400 ans de musique baroque.

Sortir : Et alors ça vous fait quoi d'avoir 20 ans ?
D. Théodoridès :
En fait, ça fait davantage quelque chose pour les personnes qui regardent l'évènement. L'équipe et moi avons toujours été dans le même état d'esprit : moins dans la célébration que le regard tourné vers l'avenir, à donner un nouveau visage au festival... ce qui est encore plus vrai avec la configuration de cette 20ème édition. Vingt ans, c'est beaucoup de joie, mais on ne regarde pas en arrière, plutôt vers les 10 ans à venir. Pour attirer un maximum de monde et apporter le plus de plaisir possible.