C'est en regardant un documentaire que Maïwenn a trouvé un fil rouge pour Polisse, premier film français en compétition de ce 64ème Festival de Cannes : le quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs, en confrontation quotidienne avec des pédophiles. Un entretien avec une fillette ouvre le film : les mots sont durs, crus, les situations, parfois démesurées pour mieux choquer jalonnent le long-métrage. Le montage, brutal, déstabilise : ce n'est pas un quotidien mais deux vécus qui nous sont présentés : Au milieu de ces drames, ce sont ceux de nos flics qui se jouent en arrière-plan, comme Iris (Marina Foïs) qui cache son anorexie derrière son tempérament fort en gueule, passe son temps à consoler son binôme, Nadine (Karin Viard) qui quitte son mari sans le vouloir vraiment. Comme Fred (Joey Starr), Baloo (Frédéric Pierrot) et les autres qui s'épaulent et se déchirent aussi jusque dans leur intimité (Marina Foïs et Karin Viard, déroutantes).

L'alchimie entre chacun d'eux passe très bien à l'écran, parfaitement maîtrisée par la réalisatrice qui excelle dans sa direction d'acteurs, jusque dans l'émotion et la mesure d'un Joey Starr, à contremploi, et ce n'est rien de le dire. La vrai réussite du film, c'est cette immersion dans le quotidien de policiers humains et pétris d'imperfections, très ancrée dans le réel. A tel point que les drames vécus par ces enfants et adolescents qui donnent le ton du film passent presque au second plan. Comme Maïwenn, l'actrice, cette fois, mise en scène dans son propre film, comme photographe du quotidien de notre brigade. Si tentative de mise en abîme il y a, elle est vaine : l'actrice est meilleure dans le rôle de la réalisatrice.