Quand l’Italie musicale du XVIIe siècle rencontre la France, il peut y avoir des divergences, de la bagarre mais aussi un intérêt réciproque dû parfois au hasard. 1654, succès de la production vénitienne du Xerse de Cavalli qui en 1660 prend la route de Paris pour réaliser un opéra pour le mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche. Mais à cause d’une cabale orchestrée contre lui par la Cour ou des travaux qui traînent en longueur au Palais des Tuileries, son Ercole amante ne pu être joué et c’est Xerse qui sera représenté à la place avec, selon la tradition française, l’insertion de ballets signés Jean-Baptiste Lully. La tragédie lyrique venait de naître. L’histoire qui remonte à Hérodote célèbre les exploits guerriers et amoureux du roi de Perse parti à la conquête d’Athènes. C’est Emmanuelle Haïm à la tête de son Concert d’Astrée qui orchestrera cette fête baroque en complicité avec le metteur en scène flamand directeur du Toneelhuis d’Anvers Guy Cassier qui signe là sa première production d’opéra en France, et la chorégraphe Maud Le Pladec, plus habituée à la musique contemporaine qu’au baroque où elle tente une première incursion. Sachez par ailleurs que pour reconstituer cette perle rare Emmanuelle Haïm a fait un gros travail musicologique sur la partition à partir des éditions italiennes et françaises qui sont parvenus jusqu’à nous. Gageons que Cavalli et Lully seraient bien étonnée de notre relecture du XXIe siècle ! Avec Xerse, l’occasion nous est donnée de mettre nos pas dans ceux du premier roi de Perse et de regarder l’histoire avec les yeux d’aujourd’hui.