Sortir : C'est une impression ou vous passez votre vie à la télé depuis quelques temps ?
Fabrice Éboué :
C'est vrai que je suis pas mal en promo en ce moment, entre le spectacle sur scène à Paris et la sortie prochaine de mon film, tourné au Cuba. Les gens aiment bien m'avoir comme client télé car je suis beaucoup dans la vanne... la télé, c'est un jeu nécessaire en terme de com' à mon niveau : télé, radio, presse, ça ne passe que par ça aujourd'hui. Si je pouvais remplir des salles sans ça, je m'en passerais. Mon métier à moi, c'est l'écriture, l'écriture et la comédie. Le reste, c'est un moyen, pas une fin, c'est juste un jeu.

Sortir : Un métier qui a commencé pour vous avec le Jamel Comedy Club...
F.  Éboué :
En fait, je fais de la scène depuis 98 et les fameuses scènes ouvertes de Paris, avant ensuite de rejoindre le Théâtre des Blancs Manteaux... c'est là que l'équipe de Jamel m'a repéré. Y'avait pas tout cet engouement pour les comiques à l'époque, pas toutes ces émissions télé. Et puis derrière, ça s'est enchaîné pour moi, entre Fogiel ou Ruquier à la radio : ce parcours, j'y reviens dans ce spectacle avec autodérision, tout en abordant l'actualité. L'occasion aussi de partager un peu de mon intimité.

Sortir : Et à travers votre parcours justement, l'on découvre un peu les paillettes de la télé.
F.  Éboué :
Les gens actuellement ont cette curiosité pour le monde des médias, des people, c'est pour ça que je raconte un peu ma rencontre avec Jamel ou d'autres anecdotes de ce genre. C'est aussi ça monter sur scène, vendre du rêve aux gens... il faut leur raconter des choses extraordinaires. L'idée, c'est aussi de parler de son métier et de ce qui nous arrive avec recul : si tu prends ça au sérieux, c'est pas marrant.

Sortir : Le recul, l'autodérision, des caractéristiques souvent citées en ce qui vous concerne...
F.  Éboué :
C'est pas toujours facile, notamment à la télé, d'être dans l'autodérision lorsque l'on évoque l'actualité ou le travail de quelqu'un d'autre. Par contre sur scène, pour moi, chacun doit laisser ses préjugés, ses susceptibilités au vestiaire... avec le public, le but c'est que ça se passe comme dans une réunion de potes. Et puis ça fait du bien de prendre du recul sur certaines choses, toujours sans se moquer.

Sortir : Ça fait quoi de figurer parmi les "grosses têtes" de la nouvelle génération comique ?
F.  Éboué :
Comme je l'ai dit tout à l'heure, y'avait pas toutes ces émissions il y a 7-8 ans, des artistes qui produisent d'autres artistes, c'est quelque chose de nouveau. Dans l'humour, ça marche toujours par génération : il y a eu le théâtre de Bouvard, puis la Classe de Fabrice, maintenant Jamel... ce qui est drôle, c'est que chacun affirme que c'était mieux à leur époque. Enfin, c'est un éternel recommencement.

Sortir : Et qu'est-ce qui caractérise votre génération d'humoristes ?
F.  Éboué :
Elle est marquée par les modes de communication : aujourd'hui, tout est médiatisé très rapidement. Et puis avec la crise actuelle du disque, l'humour fait figure de chemin le plus rapide vers les paillettes, la starification. À la manière du rap à une certaine époque, les gens ont l'impression que c'est très facile de faire de la scène ou du stand up... au contraire, c'est un gros travail pour arriver à la totale décontraction qui fait que ça passe bien. Et la difficulté, on la mesure sur une heure et demi de spectacle, pas sur un sketch. C'est un peu l'inflation niveau humoristes à l'heure actuelle, mais je pense que ça va s'épurer, que les meilleurs resteront.

Sortir : La nouveauté pour vous, c'est aussi le cinéma.
F.  Éboué :
Ça a commencé avec Fatal, le film de Michaël Youn, où je jouais un second rôle. Derrière, on a écrit ce film, Case départ, avec mon compère Thomas N'Gijol : l'idée, c'était de traiter de l'esclavage en s'adressant à tout le monde, pour rebondir sur des sujets liés à la France d'aujourd'hui : les histoires d'immigration, d'identité nationale, des thématiques centrales à un an de l'élection présidentielle (sortie prévue au printemps). On avait envie de montrer cette France mixte, métissée, une France qui se respecte.

Sortir : Et pour vous l'avenir, quels projets ?
F.  Éboué :
Déjà, je remercie le ciel tous les matins en me levant : après des années de galère, tout ce qui m'arrive... La suite, c'est continuer à écrire, peut-être aussi du théâtre, histoire de pas être toujours seul sur scène. Mais avant toute chose, passée toute cette période promo, me cloîtrer chez moi et écrire.