Be5fbd6713007902e7ec0d340286f686519adf2a
Bfa0abfbaad9b35a15165b9cef1e2c058b040886
Fermer
cinéma

Il y a longtemps que je t'aime

Edc27ccea435426b6ad606a1a2a5c144e106b250

En digne admirateur de Giono, il était assez normal que Philippe Claudel, écrivain à succès, passe derrière la caméra pour se frotter au septième art, ne laissant plus à d'autres le soin de l'adaptation. D'ailleurs, il reconnaît volontiers que ce n'est pas forcément une bonne idée de porter des livres sur grand écran et tient particulièrement à ce que son premier film soit une histoire originale et non, ce qui aurait été assez facile pour lui, une mise en image d'une de ses oeuvres littéraires. Le résultat est un film qui lui ressemble (beaucoup), qui donne aux femmes la part belle (ce qui n'est pas forcément le cas dans ses livres où les personnages principaux  sont des hommes) et qui, à l'exception d'une ou deux scènes pas vraiment habiles, devrait bouleverser l'ensemble des spectateurs. Qu'ils soient des lecteurs de Claudel ou qu'ils le deviennent.

 

On ne voudrait pas abîmer le scénario en en écrivant trop sur Juliette (Kristin Scott Thomas). Disons qu'elle sort de prison après y avoir passé 15 ans. Lourde peine car lourde faute. Sa soeur (Elsa Zylberstein) est là pour l'accueillir et pour lui faire une place dans sa famille. Pour un temps; celui de reprendre pied, de trouver un emploi. Mais que peuvent bien se dire deux soeurs qui ne se sont pas vues, pas écrit depuis 15 ans ? Le silence, le malaise est palpable dans cet univers. Claudel nous le fait respirer sans s'appesantir. Pour avoir longtemps enseigné en prison, Claudel connaît le prix de la liberté soudain écrasante, du passé accusateur, du difficile retour à la vie « normale ». De tout cela, sans jamais accentuer le trait, il fait des images, des scènes. Déclinaison de liens qu'il faut reconstruire, de petits riens qui vous arrachent des larmes et d'enfermement dont on ne guérit pas, ce long métrage est un prolongement parfait à l'un des ouvrages les plus justes de  cet auteur, Le bruit des trousseaux.  Visiblement captivé par les actrices, mais aussi les acteurs (excellents Frédéric Pierrot et Laurent Grevil) l'auteur passe de la plume à la caméra en offrant à ses mots des visages qu'il sait aussi laisser s'exprimer. Magnifique leçon de renaissance féminine.

 

Publié le 18/03/2008 Auteur : F. Launay


Mots clés : cinéma