Dans le rôle du "coach vocal", Christoph Gluck, qui au coeur de l'Europe des Lumières, écrit un opéra d'un nouveau genre, « chef d'oeuvre d'éloquence pure et d'émotion immédiate », tout au service du drame. Car Orphée donc, chante seul sa douleur, insupportable, si puissamment qu'il en provoque « les dieux qui lui ont ravi l'être aimé », Eurydice... jusqu'à en affronter « la voix des ombres hurlantes de l'enfer » qui s'inclineront face à « la seule puissance de ses sentiments ».
Un amour démesuré donc, lui-aussi à versions multiples : une première à succès (et controverses) à Vienne en 1762, remaniée derrière en français suivant la demande de Marie-Antoinette... avant d'acquérir une renommée nouvelle en 1859 grâce à Hector Berlioz et un Orphée chantant l'amour en mezzo-soprano. Cri du coeur repris donc à Bordeaux, « frappé du sceau de la modernité et de la contemporanéité » par Dominique Pitoiset (du TNBA) et Stephen Taylor, dans une scénographie « sobre et dépouillée » et une mise en scène empreinte de réalisme fantastique et de polar américain.