Jeu de miroirs

Le décor est simple, presque minimaliste même. Une simple boîte sombre dans laquelle est installée une table autour de laquelle débattent quatre chroniqueurs radiophoniques. Un décor restreint donc pour une pièce construite autour de souvenirs de l'auteur-metteur en scène. « Ce qui m'intéressait dans la pièce, c'était de montrer des personnages qui parlent de théâtre sans qu'à aucun moment on ne voie la pièce dont il est question. Au spectateur de se faire sa propre idée, un peu comme quand on écoute une telle émision à la radio » explique Jean-Marc Chotteau. S'il est beaucoup question de radio, c'est que la pièce est un clin d'oeil appuyé à l'émission Le Masque et la Plume que l'auteur utilise comme point de départ de sa pièce.

« On sent bien que parfois chez ces critiques, il y a aussi une mise en scène. Dans la relance d'une polémique ou l'entretien d'un débat énergique, parfois surjoué, c'est aussi cela qu'il m'intéressait, de disséquer cette mise en scène de la critique » renchérit l'auteur. Petite charge aussi contre la 'pipolisation' de la société et virage, dans la deuxième partie, vers un loufoque décalage aussi sain qu'imprévisible. Après Comma et son regard vers le spectateur, c'est encore le théâtre qui est au coeur de cete création, avec cette fois une distance humoristique volontiers brindezingue plus marquée. « Un théâtre populaire » revendiqué par Chotteau, parce que proche des gens « qui part du particulier pour tirer vers l'universel » et qui fonctionne très bien à en croire la fidélité renouvelée des spectateurs. Avant Situations critiques, l'artiste reprend Abel et Bela de Robert Pinget, qu'il créa à son arrivée à Tourcoing voilà 25 ans déjà. Une joyeuse articulation théâtrale pour un bel anniversaire.