Arthur Bramhall est un professeur d’université qui profite d’une année sabbatique pour écrire un livre, voulu comme le plagiat d’un bestseller. Mais un incendie ravage sa maison… et détruit le manuscrit. D’abord abattu, Arthur parvient à surmonter le drame, tire des enseignements de cette expérience et se lance dans l’écriture d’un nouveau livre. Machine à écrire en mains (si cela a suffit à Hemingway, ça lui suffira aussi), il signe un chef d’œuvre, qu’il décide, cette fois, de placer en lieu sûr, sous un arbre. Mais un ours passe par là et comprend que ce livre « à tout » : « de nombreuses scènes d’accouplement et plusieurs scènes de pêche ». Sa décision est prise : il quitte le Maine et part à New York. Le succès est immédiat : un carton en librairie rapidement adapté au cinéma. Et la personnalité bourrue et atypique de l’auteur, autobaptisé Dan Flakes, en hommage aux céréales, contribuera largement à ce succès.

Une satire hilarante des milieux littéraires et médiatiques, pendant laquelle on pouffe de rire à plusieurs reprises. Voici ce qu’est, en deux mots ce qu’est cette histoire d’ours. Car d’agent en critique, d’auteur en attaché de presse, tout le monde s’accordera à reconnaitre le talent de l’auteur et la beauté, la profondeur, du texte. Enfin, d’après ce qu’on leur a dit. « Elle n’avait pas lu le livre, mais son enthousiasme était sincère. Dans le show business, les livres n’étant que des livres, personne ne savait trop quoi en faire. Mais le buzz, ça, on pouvait s’y fier. ». Dont acte. Chacun se fie à l’avis de l’autre et encense ce nouvel auteur si peu bavard et si imprévisible. Car, pour des raisons évidentes, Dan Flakes est un taiseux, et c’est là la clé de son succès. Interlocuteur idéal pour des agents, écrivains, profs, politiques… égocentriques qui lui font dire ce qu’ils ont envie d’entendre, l’ours, qui tient par-dessus tout à passer pour une vraie personne, fait profil bas et sait se tenir. Enfin, quand il ne se roule pas par terre pour exprimer son contentement ou ne griffe pas les murs de sa chambre d’hôtel pour marquer son territoire.

« Posant son pot de miel, l’ours dévissa le couvercle.
-Dan, s’il vous plait, dites-moi ce que vous ressentez. Est-ce que je représente quelque chose pour vous ?
- Mon miel à moi, fit l’ours en ôtant le couvercle, admirant les perles dorées qui en gouttaient.
- Oh, Dan, je savais que toi et moi, ça n’était pas juste une aventure sans lendemain. »


Pendant ce temps, le véritable auteur de Désir et destinée, Arthur Bramhall, dans une version comique de La Métamorphose, perd doucement la tête après la perte de ce deuxième manuscrit. Isolé, il se déconnecte peu à peu de la réalité sans avoir conscience du battage provoqué par son livre. Combien de temps la supercherie pourra-t-elle durer ? Le monde littéraire finira-t-il par réaliser que ce « nouvel Hemingway » n’est peut-être pas tout à fait ce qu’ils imaginent ?