La face du dos

C'est la découverte des quatres Dos de Matisse, lors d'une rétrospective en 1970, qui frappe le théoricien de l'art et le pousse à s'engager vers la pratique. Cette face cachée deviendra l'obsession de l'artiste, qui fusionne les plans en découpant la couleur pour voir derrière le dos, empruntant à Matisse la technique qu'il utilisait pour rompre la perspective. Dans sa quête, Bonnefoi intervient des deux côtés de la toile, en peignant d'abord le verso, ajoutant de l'épaisseur et de la profondeur par des collages de papier de soie. Mais finalement, le travail le plus personnel et le plus saisissant de l'artiste se trouve au début du parcours, à la naissance de sa pratique. Plus épurées et minimales, les séries Dos et Occasion, réalisées en 1974, expriment l'émotion de sa rencontre esthétique et artistique avec l'oeuvre de Matisse, sans tomber dans l'excès de matière et de couleur, affranchi, pour un temps, de l'influence du maître. Pour s'en persuader, il suffit de rejoindre l'exposition permanente du musée, à la rencontre des plâtres originaux des bas-reliefs réalisés de 1909 à 1931 par Matisse.

La richesse des collections du musée permettra aux visiteurs de découvrir son oeuvre. Notamment les dessins et gravures de l'impressionnant cabinet de dessins et le plafond, restauré, sur lequel Matisse avait dessiné les portraits de ses petits enfants à l'aide d'un fusain attaché sur un bâton de bambou. Un parcours qui ne manque pas d'inscrire Matisse au coeur du territoire, grâce au textile que le peintre affectionnait tant. Il s'inspirait des motifs des étoffes qu'il ramenait de ses voyages pour travailler l'espace et habiller ses modèles. La donation Tériade, qui réunit des chefs-d'oeuvres d'art moderne (Matisse, Picasso, Chagall, Giacometti...) et la collection Herbin participent également au rayonnement exceptionnel du musée, semblable à une maison de vacances chaleureuse et prête à accueillir toute la famille.