Dave vit paisiblement sur l'île d'Ici, où règne l'ordre et le calme. Employé de bureau appliqué, dessinateur talentueux mais discret, Dave vit selon le même principe que tous autres habitants d'Ici : l'ordre est maître, rien ne doit dépasser. Dont acte : les haies sont soigneusement taillées, les maison alignées... Dave vit au milieu de cet ordre réconfortant. Seule inconnue : ce poil. Ce poil qui a toujours été là, sur son menton. Qu'il l'épile, le coupe ou l'ignore, peu importe. Le poil revenait toujours et les médecins n'y pouvaient rien. Et un jour... Le poil s'allonge, s'allonge... jusqu'à devenir une barbe. La barbe n'en reste pas là et continue elle aussi de pousser à un rythme délirant... L'île d'Ici s'affole : quel est donc cet homme qui n'est pas capable de contenir sa barbe ? Comment accepter un tel débordement ? La catastrophe menace...

Loufoque, sensible, drôle... C'est sans doute à ça que tient le succès de La Gigantesque Barbe du mal. Le lecteur s'attache très vite à Dave, habitant modèle mais rapidement ostracisé par les gens biens à cause de sa différence. On peut, au choix, y voir une douloureuse métaphore du monde qui nous entoure ou un conte à la Roald Dahl.

Dans un cas comme dans l'autre, on se laisse porter par les dessins, tout en finesse et en retenue et en noir et blanc, à la fois réalistes et oniriques et servis par un découpage, qui devient un élément à part entière du récit. Le résultat : un message universel, où il est question de peur de l'autre. Le rapport avec la barbe ? On vous laisse deviner...