Revoir les fées

Au départ de l'idée, la Clef des Chants, bouillonnante association de décentralisation lyrique et son sémillant directeur, Patrick Bève, dont l'enthousiasme contagieux et le travail tous azimuts ont séduit Caroline Sonrier, directrice de l'Opéra de Lille, qui coproduit de cette création. C'est Emmanuelle Haïm et les musiciens du Concert d'Astrée qui donnent corps à la partition revisitée de Purcell. Impossible en effet de garder telle quelle l'oeuvre originale tirée du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare et issue d'un art tellement total que les représentations dépasseraient les 5 ou 6 heures. Refusant de choisir entre le travail scénique et la musique, Emmanuelle Haïm et son complice, le metteur en scène flamand Wouter Van Looy, ont donc tissé ensemble une relecture qui, si elle s'appuie largement sur le travail des masques de Purcell, porte également en elle une belle modernité.

Sur scène, les chanteurs se répondent sans forcément se donner la réplique tandis qu'autour d'eux naviguent quatre danseurs tous environnés des musiciens du Concert d'Astrée. De la Grande-Bretagne au Mexique en passant par la Belgique et la France, le spectacle mixe donc joyeusement les influences et les démarches dans le but de créer un spectacle d'aujourd'hui dans les pas de Shakespeare, Purcell, Obéron et Titania. (After) the fairy queen constitue également un bel exemple de la précieuse singularité du travail effectué par la Clef des Chants sur le territoire régional depuis ses débuts. Début du voyage dès ce vendredi dans le cadre du très beau théâtre calaisien et quelques jours plus tard à l'Opéra de Lille.