Pour les lecteurs-rêveurs, cinq récits évanescents, vaporeux, cinq histoires sur le rêve, cinq fugaces voyages dans l'imaginaire, regroupés dans l'ouvrage La rêveuse d'Ostende (Albin Michel, 20 €), de l'auteur multi instrumentiste, Eric-Emmanuel Schmitt, qui excelle aussi bien dans le roman que dans la pièce de théâtre, ou... le recueil de nouvelles ! On se souvient d'ailleurs de l'autre recueil, tout aussi captivant, Odette Toulemonde, adapté au grand écran. Mais revenons à notre rêveuse ! L'ouvrage s'ouvre sur la rencontre d'un écrivain fuyant une rupture sentimentale, avec son énigmatique et sophistiquée logeuse, Annan Va A., dont il va écouter la surprenante histoire, le récit de la vie sensuelle, extraordinaire, chimérique, entre enfance africaine et union clandestine avec un héritier royal... Et se referme avec une autre femme pleine de mystère, qui attend depuis 15 ans quai n° 3 à Zurich, chaque jour, un bouquet à la main. Mais qui attend-elle ainsi ? Entre deux, on parcourt un excellent crime parfait, sur un malentendu, ou de fatales mauvaises lectures d'un célibataire en vacances, toujours des histoires mystérieuses, mettant en scène des femmes... Eric-Emmanuel Schmitt montre que la vie ne doit pas être une tueuse d'histoires, mais au contraire susciter l'évasion par l'imaginaire.


Le prochain recueil, Coup de froid (Albin Michel, 20 €) regroupe des nouvelles de Thom Jones, non, non, pas le chanteur raté des années 60, mais l'écrivain américain très doué ! Désabusés, grinçants, les récits relatent de percutants morceaux de vie, à la première comme à la troisième personne. Les histoires de personnages un peu barrés, confrontés à la misère en Afrique, à la violence aux Etats-Unis, au chaos du monde, avec tout de même quelques éclaircies, et toute la force de l'ironie et de l'auto-dérision. On termine souvent ces histoires le souffle coupé, basculant dans l'horreur ou le rire... Tout cela est très hétéroclite, du médecin de Global Aid exerçant en Afrique (puisqu'il ne peut plus le faire aux USA), de retour sur la côté Ouest en plein hiver, à deux doigts de basculer dans la déprime au babouin alcoolique George Babitt, en passant par un marine, un boxeur, une surfeuse aborigène, un chirurgien esthétique, une handicapée... ; on trouve quand même des points communs entre toutes ces histoires, le thème de l'humanitaire, à travers l'association Global Aid, la description d'une voiture, 505 ou break Volvo, la présence de whisky et autres drogues, d'un grain de folie aussi... Couvrez-vous bien en parcourant ces pages, dégustant ces histoires une à une ou en les dévorant d'un coup, n'attrapez pas une coup de froid en plein coeur.


Pour les plus jeunes, refermons cette page avec L'Amour vache (Rouergue, 7,50 €), huit textes sur les déboires des adolescents, de la difficile acceptation d'une belle-mère aux traumatisants tabous familiaux, en passant par la mort d'un père, les TOC, le handicap, l'amour ou la maladie. Une plongée dans cette période de la vie difficile, où chacun se cherche, se rebelle contre l'autorité parentale, se pose tant de questions, et construit sa personnalité : brillant et très réussi !