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théâtre

Extinction

Extinction (2023)
Prolixe metteur en scène, hyper inventif, qui a su se démarquer par une esthétique de métissage des matériaux qui n’appartient qu’à lui, boulimique de lecture et d’art en général, Julien Gosselin rêve depuis quelques années de faire un spectacle sur la fin du monde. Le voici, éblouissant, dérangeant, impressionnant, explosif.


            

Extinction, portée par l’ardeur d’une admirable distribution hybridée de comédiens et techniciens de la Volksbühne dont il est artiste associé depuis deux ans, d’acteurs de sa propre compagnie et d’artistes venus d’autres horizons, érige une grande fresque dont il a le secret, ici organisée en triptyque. Un concert de musique électronique impulse le spectacle par un geste qui transmet à la fois la beauté, l'émotion, la puissance quasi-physiologique avec lesquelles seule la musique peut nous traverser, brisant d’emblée la frontière scène-salle pour créer une communauté. S’édifie alors un grand spectacle de théâtre articulé autour de textes de Schnitzler, délectable plongeon dans la Vienne du début du XXᵉ siècle, sommet historique de la civilisation intellectuelle, vertigineux tourbillon de psychanalyse, de musique, de peinture, d’architecture, de littérature en pleine ébullition. C’est le cœur intellectuel de l'Europe - toutefois intrinsèquement zébré de toutes ses défaillances : son passé colonial, ses violences intestines -, avant qu’il ne sombre dans la Première Guerre Mondiale... Une conférence sur la littérature, tenue par une femme, vient clore le triptyque, a priori sagement, jusqu’à ce que cet exercice ne tremble sous les secousses d’une violence sourde extrêmement vivace. Jusqu’à destruction de tout espace policé, jusqu’à extinction de tout, par une femme et par le verbe. Une météorite théâtrale.

Publié le 19/05/2023


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