Groove

Pour sa première création, Soa Ratsifandrihana part aux confins du groove, cet indéfinissable et jouissif « presque rien » qui fait battre la rythmique musicale tel un cœur.

Dans g r oo v e, ce qui importe, ce sont les blancs, ces petits espaces qui traduisent sur le plan graphique les silences, les suspens que Soa Ratsifandrihana perçoit dans la musique dont on dit qu'elle groove, justement. Cette notion, incontournable de nombreux styles musicaux tout au long du XXe siècle, est si vague qu'on pourrait en tirer de volumineux traités. La chorégraphe, elle, en fait un solo en partant à la recherche de ces moments, dans l'enfance, où elle ponctuait de mouvements spontanés les musiques qu'elle écoutait. Cet éveil à la danse, si délicieusement rafraîchi, s'approfondit de la science, rythmique et dynamique, acquise au contact de chorégraphes, comme Anne Teresa De Keersmaeker, et de musiciens comme Sylvain Darrifourcq et Alban Murenzi qui ont taillé sur mesure la bande-son de ce spectacle. Présenté en quadri-frontal, g r oo v e promet la joie profonde, presque spirituelle, d'une danse écrite au plus près de ce qui bat à l'intérieur de son interprète.