Sortir : Comment est née la troupe du Cirque Pardi?

Maël Tortel : J’ai lancé cette initiative en 2011. Avant, je faisais partie des « Têtes en l’air », une troupe de cirque ariègeois. Je n’avais plus vraiment envie de jouer dans des salles de théâtre, et je pensais depuis longtemps à construire un chapiteau. C’est ensuite que nous nous sommes rassemblés autour de l’outil et du projet. On peut dire qu’il s’agit du premier projet de cirque moderne sous chapiteau à Toulouse.

Sortir : Pourquoi avoir choisi de présenter vos spectacles sous votre propre chapiteau ?

M.T : Nous voulions avoir les cartes en main pour jouer en totale autonomie, sans avoir besoin d’une caution extérieure au niveau artistique. L’autre intérêt, c’est l’échange avec le public. On vient s’installer chez les gens, et ensuite ils viennent chez nous. C’est un autre état d’esprit.

Sortir : Dans Borderland, quelle identité mettez-vous en avant par rapport à votre spectacle précédent?

M.T : C’est le second spectacle du Cirque Pardi, mais la précédente création résultait d’une situation d’urgence. Avec Borderland, c’est la première fois que nous arrivons à la finalité artistique souhaitée au départ. On veut vraiment la défendre dans le temps. C’est une création qui sort des entrailles de tous les membres de la troupe. On a essayé de surprendre en liant nos univers artistiques. A l’arrivée, le spectateur découvre un monde fantastique dès l’entrée du chapiteau. Le public se voit intégré à cet univers tout au long du spectacle.

Sortir : Ce spectacle est tout public. Comment toucher l’audience par delà les générations ?

M.T : Nous avons choisi de présenter un spectacle qui n’est pas narratif. On touche de nombreuses pistes, comme les frontières, la question du genre… Ce sont juste des pistes. On ne fait aucune morale, chacun peut tirer ses propres conclusions et se forger son propre avis. Un enfant sera plutôt touché par les gags en eux-mêmes. Les parents, eux, pourront les replacer à un autre degré de réflexion. Associer les générations, c’est primordial. Peu importe si chacun ne reçoit pas le spectacle de la même manière.

Sortir : Dans Borderline, la musique est jouée en direct. Est-ce un simple accompagnement ou un élément à part entière dans le spectacle ?

M .T : On ne le voit pas comme un simple support. La bande-son est partie prenante, avec des parties electro, rock’n’roll… Elle est assez déjantée, c’est un reflet fidèle de notre univers artistique. Ces compositions originales sont assurées par une chanteuse argentine et ce qu’on pourrait appeler un « bidouilleur de sons ».

Sortir : Un de vos objectifs est d’accentuer la proximité avec le public. Comment procédez-vous ?

M.T : Pour nous, le volet médiation culturelle est très important. On propose des ateliers de technique de cirque, des stages scéniques… C’est une sorte d’éducation artistique pour tous les âges qui facilite énormément les échanges.  

Sortir : Pensez-vous déjà à « l’après Borderland »?

M.T : Bien sûr! La production suivante se déroulera certainement sous un autre chapiteau. On souhaite développer le Cirque Pardi, pour en faire davantage qu’une simple structure de production artistique. La construction de chapiteau, cela nous intéresse beaucoup, c’est un véritable défi. On pense constamment à innover dans ce domaine. On veut aussi être acteur de lien social. À terme, on voudrait aider des projets émergeants en leur proposant des résidences. On voudrait aussi créer un garage mécanique associatif! En tout cas, nous voulons nous inscrire dans le long terme. Actuellement nous cherchons un lieu pour nous implanter afin de mieux développer nos projets.