Barbaque

En trois films, Fabrice Eboué s'est fait une spécialité de porter à l'écran un humour sans filtre capable de prendre à bras le corps des sujets dits délicats (l'esclave, l'Afrique et le post-colonialisme ou les religions) pour en rire avec autant de profondeur que de finesse. Son quatrième film marche sur les mêmes traces, embrassant les questions d'alimentation avec un rire noir et jaune des plus efficaces. Avec une Marina Foïs, parfaitement en phase avec l'humour maison, Eboué l'acteur ne fuit pas le challenge en s'affublant d'un rôle peu amène. Sans craindre de faire grincer quelques dents, quand d'autres s'arrêtent à un rire de surface, son cinéma pousse la réflexion, n'hésitant pas à se montrer inventif au passage (les montages de « chasse » s'avèrent désopilants) et à décaler le regard sur des questions de société. Sans rien prétendre révolutionner, Eboué secoue avec bonheur le cocotier d'un cinéma comique français endormi. Une « démarche personnelle » à consommer sans modération.