Bordeaux l'Africaine

Porte 44, à une heure de l'inauguration. Garnissage de toasts, débouchage de bouteilles... « Vous êtes qui vous ? » Présentation, tabourets installés dans un coin du studio carré... Vos origines ? Les indépendances africaines des années 60, le besoin de main-d'œuvre, l'arrivée massive d'étudiants dans les années 80, alliés à « un intérêt marqué pour les cultures africaines », explique le narrateur (et directeur artistique) Guy Lenoir, évoquant la naissance de Migrations Culturelles. Et très vite du « repérage d'artistes », lorsque l'asso s'installe face au CAPC voilà 10 ans... mais pas seulement : régulièrement « sollicité par les institutions pour traiter des problèmes liés à l'immigration, via la culture ». Actuellement, un opéra en langue woloff monté par un artiste sénégalais, Bruice Boubacar Diop, avec des jeunes de Lormont, Floirac ou Cenon.

Photographie en lien avec la Biennale de Bamako, littérature francophone assurée par « le grand Ahmadou Kouramé », danse avec le performer sud-africain Steven Cohen, peinture entre le Togolais Soké Edorch et le Ghanéen Kofoi, théâtre à travers une pièce dédiée aux Africains soldats... Autant d'artistes « capables de performances remarquables » dans un style « empreint de violence, de liberté, de félinité naturelle », comme la marque de fabrique de l'association, « boîte à outils au service de l'interculturalité ».
Un travail effectué désormais du côté du faubourg des arts, « une opportunité sympa » à l'heure où « le tissu associatif se trouve fragilisé »... même si acceptée par défaut. C'est que le voisinage est plutôt créatif : « on a besoin de ces contacts, de participer à donner un sens à ce quartier ». Idem envers les nombreuses associations africaines bordelaises. « Notre truc, c'est d'être dans l'Humain », conclut le président. Avant d'aller serrer les mains et me brancher avec un fervent activiste associatif portugais...