Sortir : Pouvez-vous revenir sur les origines de votre compagnie ?

 

Emmanuel Grivet : Nous fêtons nos 15 ans de collaboration avec la ville de Tournefeuille, mais la compagnie existe depuis 1993. Nous avions une vie un peu nomade à l’époque. Depuis toujours, nos créations s’inscrivent dans le champ de la danse contemporaine, de la poésie du mouvement. Au niveau de la façon de travailler, nous misons sur des spectacles où la trame est posée mais dans lesquels nous laissons le champ libre à l’improvisation. Tout n’est pas préparé.

 

Sortir : Quel bilan tirez-vous de ces 15 ans de collaboration avec la ville de Tournefeuille ?

 

E.G : C’est une collaboration exemplaire ! Il y a un lien de confiance, un respect vis-à-vis de la place de chacun. La municipalité s’est axée sur la culture, et c’était une décision de conviction. Les équipes de la ville ont un grand respect pour la liberté artistique. Dès le départ, la rencontre s’est faite autour de valeurs communes: l’enracinement local et le rayonnement international. Récemment, nous nous sommes rendus au Mexique, en Israël, en Tunisie… Actuellement, nous menons un projet important en Corée.

 

Sortir : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce partenariat coréen ?

 

E.G : Tout a commencé en 2009. Nous y sommes retournés régulièrement via différents projets. Depuis 2012, nous collaborons avec le plus grand festival d’improvisation du pays. Comme c’est l’année France-Corée, notre compagnie sera particulièrement mise en avant ! 

 

Sortir : Pour en revenir à votre double soirée anniversaire à l’Escale, comment résumer tant d’années de création en l’espace de deux spectacles ?

 

E.G : Je ne cherche pas vraiment à « résumer ». Il s’agit plutôt d’inviter des artistes ayant été proches de la compagnie à différents moments de son existence, comme Marie-Pierre Genard qui a travaillé avec moi depuis le début de l’aventure. Il y aura Salia Sanou, un danseur burkinabé du centre chorégraphie national de Montpellier. On retrouvera aussi Isabelle Cirla, une clarinettiste toulousaine férue d’improvisation. Le saxophoniste Jean-Rémy Guedon, lui, a la particularité de travailler avec des musiciens classiques et jazz. Les répertoires se mêlent de façon très intéressante. Chaque soir en ma compagnie, ces quatre personnes vont brasser leur expérience autour de l’improvisation.

 

Sortir : Des répétions vont-elles précéder le spectacle ? Ou laisserez-vous libre court à l’improvisation ?

 

E.G : Nous nous retrouverons deux jours avant, car ces artistes ne se connaissent pas tous. Il y aura bien sûr une trame, mais ces deux soirées seront effectivement improvisées. Le partage se fera directement sur scène, sous les yeux du public.

 

Sortir : Au niveau du live, quelles esthétiques musicales seront représentées ?

 

E.G : Surtout du jazz. Ces deux musiciens ont l’habitude de travailler avec des compagnies de danse. Ils s’adaptent et jouent dans des registres très variés. Récemment, Isabelle Cirla a travaillé avec l’Ensemble Baroque de Toulouse. Elle est capable de jouer du Bach, puis de basculer sur du free... Ou inversement ! Jean-Rémy Guedon est également ouvert aux musiques du monde, notamment africaines.

 

Sortir : Comment associer les initiatives artistiques, directement sur scène ?

 

E.G : L’improvisation, c’est le domaine du partage. Contrairement à un chorégraphe traditionnel, qui donne sa vision en la transmettant à des interprètes. Ici, chaque artiste est co-créateur de l’œuvre. Pour ce projet, j’ai réuni des gens qui s’inscrivent précisément dans ce registre.  Chacun met en avant une identité, qui va s’adapter à ce que va proposer l’autre. Ce seront deux soirées très intéressantes, je pense !