Racontez-nous un peu votre parcours, comment devient-on auteur de best-seller ?

C'est incroyable ! Je n'imaginais pas un tel succès. Je me disais que cinquante, cent personnes liraient mon ouvrage. Nous en sommes à plus de quarante mille exemplaires vendus, hors poche, en France et à l'étranger. Et l'ouvrage va être adapté au cinéma !

Avant d'être écrivain, je dirigeais une entreprise de communication, créée en 1993, lorsque j'avais 24 ans. Une entreprise spécialisée dans la stratégie industrielle, que j'ai dirigée jusque 2009. Avec dix-sept salariés, cette petite boîte pesait lourd sur mes épaules. Quelques années auparavant, j'écris Les Vestiges de l'aube, pour un ami qui avait perdu sa femme, se renfermait sur lui-même : avec ce texte, je voulais l'aider. Il m'en a réclamé la fin, celui lui a beaucoup plus. Je l'ai fait lire à deux autres amis, très enthousiastes également : le roman est sorti tel quel chez Critic, une toute petite maison d'édition, à deux mille exemplaires. Un beau succès ! Et en octobre 2010, toujours avec cette petite maison rennaise, Le Projet Bleiberg démarre en fanfare ! Coup de cœur du magazine de la santé de France 5, plus de cinq mille exemplaires vendus, il a fallu faire de nouveaux tirages d'urgence. Vingt cinq mille exemplaires chez Critic, dix mille chez France Loisirs, autant au Québec... Les éditeurs poche me contactent, je choisis 10/18 car c'est une maison prestigieuse, avec des auteurs que j'admire : quel étonnement d'arriver là ! En juillet dernier, j'ai vendu les droits cinématographiques à un gros producteur français, le casting sera international !


N'avez-vous pas peur d'être dépossédé de votre histoire ?

Cela ne me fait pas peur du tout, je le prend comme une aventure ! Je suis consultant, je vais travailler avec le scénariste. Même si je n'écris pas l'adaptation de A à Z, je ne m'y risquerai pas encore. Déjà, en avril, j'ai été contacté par Alain Berberian, je l'ai aidé à re-travailler un scénario. J'ai pris plaisir à le faire, une belle collaboration !


Pour en venir à l'histoire du roman : pourquoi avoir choisi d'aborder les expérimentations menées durant la Seconde Guerre mondiale, un sujet encore plutôt tabou ?

J'ai toujours eu une passion pour l'Histoire, l'ouvrage survole un peu les différents thèmes de la Seconde Guerre mondiale. Je vois actuellement des choses pas très agréables, l'Histoire a tendance à bégayer ! Crise économique et identitaire, époque paumée : j'ai trouvé intéressant d'aller un peu voir le passé. À ma passion personnelle, ce sont ajoutés quatre mois de recherches documentaires. Je voulais capter, aussi, l'émotion d'un époque. Peu à peu, les personnages se sont dessinés. J'ai trouvé là matière également pour une suite : les atrocités des Japonais en Chine, lors de la Seconde Guerre mondiale. Je souhaite rendre l'Histoire vivante à travers le thriller, déclencher la curiosité. Et étudier les conséquences sur la société actuelle : les laboratoires pharmaceutiques découlent beaucoup de la Seconde Guerre mondiale, cela pose des questions morales et éthiques. À travers un divertissement, j'amène des faits réels.


Le jeune trader new-yorkais désabusé, la petite blonde du FBI, le géant, agent du Mossad : votre improbable trio fonctionne pourtant à merveille !

J'ai passé beaucoup de temps aux États-Unis, je suis fou de New-York et Manhattan, je m'y sens chez moi. Jeremy incarne vraiment le mal du siècle, l'argent facile, le bling bling, avec un drame sous-jacent. Nous allons voir comment il va revenir à la vie, une quête initiatique. Le Jeremy du début de l'ouvrage diffère beaucoup de celui de la fin... Pour l'agent du FBI, je voulais un personnage de femme pétillante, sympa, mais pas bimbo ou faire valoir. Jacky est indépendante et marrante. Mais le vrai héros, c'est Eytan, il porte tout le poids de la souffrance...


La construction du roman alterne première personne, flash-backs, moments plus narratifs : pourquoi ce choix ?

J'avais envie de varier les points de vue de la narration, comme la caméra d'un film change de prises de vue. Je ne voulais pas faire une démonstration littéraire, mais prendre le lecteur par la main, et qu'il oublie tout ! J'assume totalement ce côté évasion, d'avoir mobilisé tous les moyens nécessaires pour embarquer le lecteur. Le plus beau compliment qu'on puisse me faire : j'ai raté ma station de métro, ou j'ai passé une nuit blanche !


Qu'est-ce que ça fait d'être un auteur publié ?

Je ne suis pas d'un côté ou de l'autre de la barrière, lecteur ou auteur. Je raconte juste des histoires, je veux donner envie de lire, que ce soit un ou un million, c'est pareil ! J'ai 42 ans. C'est vrai que ça peut faire tourner la tête, je ne sais pas comment on peut vivre ça à 20 ans. Mais pour moi, rien n'a changé. Oui, je suis un auteur, mais c'est juste ce que je fais. Évidemment, je suis encore un lecteur ! J'ai toujours écrit, mais pour les autres, concepteur rédacteur de publicités. Écrire un roman, c'était m'affranchir de ces règles. Je pensais écrire un livre, mais sans rêver être publié. J'ai toujours été à l'aise comme raconteur. J'étais prêt, à 40 ans, à tenter l'aventure. Je continuerai tant que je me ferai plaisir, et que je ferai plaisir ! C'est une deuxième jeunesse. Je ne vais pas la galvauder en me prenant au sérieux. Ma vraie récompense : les échanges avec les lecteurs, les voir heureux d'avoir lu mon livre. Je ne vis pas dans une tour d'Ivoire, tous les ressentis m'intéressent. D'ailleurs, vous me direz ce que vous avez pensé du Projet Shiro !


La suite, justement ?

La suite du Projet Bleiberg, Le Projet Shiro, vient d'être publiée. Je continue le travail avec Critic, pas question de les quitter, et j'habite toujours Rennes. J'ai également ré-écrit Les Vestiges de l'aube, qui paraîtront chez Michel Lafont, il sera vendu à l'étranger, et les droits cinématographiques intéressent aussi certaines personnes, sans oublier une adaptation en BD par Serge Le Tendre.