Deux bandes-dessinées très réussies, deux héroïnes décoiffantes !
Quand on ouvre ce bel ouvrage, Elisa, on découvre des dessins vraiment magnifiques, comme une succession de tableaux, l'on s'arrête même parfois de parcourir le touchant récit pour les contempler. Nathalie Ferlut n'utilise pas d'ordinateur, « 90% du travail se fait au lavis d'encre de 
chine rigoureusement traditionnelle, avec des pinceaux en vrais poils de martre », colorisé ensuite par un complice, « en fonction des ambiances ». Au petit bijou graphique s'ajoute une réussite scénaristique ! Nathalie Ferlut, artiste complète et accomplie donc, nous transporte en 1989, dans la vie de la secrète Élisa (clin d'oeil à Gainsbourg), qui vient d'avoir son bac, mais ne sait pas dans quelles études se lancer, quels rêves réaliser, quelle vie adopter. Dur de se résoudre à quitter l'enfance... Et puis sa 
meilleure amie, Rachel, se tue dans un accident de voiture. Le choc. Notre fragile héroïne fuit à Paris, perd pied... Avant de se reconstruire peu à peu, son coeur balance entre un homme plus âgé, et l'ancien copain de Rachel, ami d'enfance de la cité où elle a grandi. Romantique, un peu bohème, idéaliste, Élisa nous entraîne dans son sillage, ses histoire d'amour, d'amitié, ses blessures intimes. Un récit réaliste autour de ce moment un peu f(l)ou où il faut devenir adulte.
Autre héroïne emblématique, l'Alice de Lewis Carroll, récemment revisité par le déjanté cinéaste Tim Burton et... David Chauvel (scénariste) et Xavier Collette (dessinateur), dans une BD onirique et magique, à l'image du récit du roi du « nonsense », de l'absurde. Un récit à la fois fidèle et modernisé, dessins extravagants, une couleur dominante différente employée à chaque personnage rencontré par une Alcie aux airs de Manga, de la chenille qui fume à ce cher monsieur le chat du Cheshire. Un bel hommage !
