England is Burning

Place aux jeunes. Les excités de Bad Breeding s’autoproclament anarcho-punk. Comprendre ici qu’ils s’inscrivent dans une lignée plus constructive que nihiliste, visant l’autogestion à grand renfort de Do It Yourself, un peu comme leurs aïeux de Crass. Mais si nos Bad Breeding foncent têtes baissées, musicalement leur furie offre une version tabula rasa du punk ravagé par une tornade noise. Percutant et incisif, Bad Breeding ne cherche pas à déchoir Idles du trône mais bien à cramer le château. Sortir ou non de l’Europe ils s’en fichent, rentrer dedans et s’émanciper du capitalisme voilà leur feuille de route toute chiffonnée.

Dans leur jeunesse, les membres de Rainbow Grave ont sans doute mûri les mêmes désespoirs que Bad Breeding. Aujourd’hui, Rainbow Grave a le cuir épais mais ne courbe pas l’échine. Ces revenants de la scène alternative britannique ont fricoté avec le doom, l’indus, le metal extrême, le crust punk…Désormais, grâce à un rayon de psychédélisme,  Rainbow Grave offre un arc-en-ciel au-dessus de l’os à moelle du punk. Trop bruyants pour avoir entendu parler du Brexit, mais ils harmonisent le chaos depuis des lustres.

Sleaford Mods ne sont plus des jeunots, mais leur rap-punk est parvenu à se faire entendre dans le top album britannique. Basique et caustique, les deux de Sleaford Mods déroulent leurs titres à la langue bien pendue. Sans concession ni prisonnier, leur poésie associe chambrage et message. Les gagnants du système prennent chère, quant aux perdants Sleaford Mods leur met le nez dans leurs responsabilités. Ni sociologue, ni porte-parole, leur art cause d’en bas sans confisquer la parole ou s’investir d’une mission de porte-voix. S’affichant personnellement anti-Brexit, leurs titres évoquent davantage les ravages des politiques d’austérité qui ont mené à voter pour cette sortie aux allures d’impasse.