Sortir : Comment est née l'association Alma Flamenca?

M-L Sotoca Cuesta : De la passion pour le flamenco. Depuis 1999, elle a pour but d'affirmer l'identité de la culture espagnole en Midi-Pyrénées, d’honorer la mémoire de ceux qui ont émigré vers une terre d’exil et de liberté. Le souhait est de promouvoir, diffuser, et de développer, à la rencontre de nouveaux publics et de nouveaux territoires.

 

Sortir : Quelles étaient les missions du festival à sa création en 2002 ?

M-L SC : Depuis ses débuts, le festival est fidèle à sa ligne fondatrice: valoriser le flamenco, en offrant au public une affiche riche entre découvertes et artistes confirmés.

Je pense que nous avons suscité une véritable vocation et nourri un intérêt pour un grand nombre de personnes qui pratiquent le flamenco dans les différentes académies de la ville qui ont vu le jour entre 2002 à aujourd’hui. Le festival a imprégné la vie culturelle toulousaine.

 

Sortir : Le public est-il essentiellement local ?

M-L SC : Il y a un noyau de fidèles, qui réservent leur place dès que nous ouvrons la billetterie. L’engouement se confirme d’une année à l’autre. Le flamenco fait partie des musiques identifiées « musiques du monde » moi je préfère dire « musiques populaires ». La France est le deuxième marché au monde qui programme du flamenco. Les artistes qui souffrent de la crise en Espagne trouvent une bouffée d’air chez nous. Et Toulouse a l’âme latine! Cette ville cultive le sens de l’accueil, de la fête. La proximité́ géographique, l’émigration politique et économique des espagnols, le développement des échanges entre notre région et la Catalogne, l’Aragon... tout cela contribue à faire de Toulouse la plus hispanique des villes françaises.

 

Sortir : Des artistes locaux se distinguent-ils? Ou proviennent-t-ils essentiellement de l'extérieur?

M-L SC : Notre affiche est essentiellement axée sur une programmation d’artistes de renom venant d’Espagne (Séville, Jerez de la Frontera, Cadiz), que l’on voit peu en France ou qui viennent pour la première fois. Mais, je ne fais pas partie de ceux qui croient que le bon flamenco peut se voir et s'écouter uniquement en Espagne et qu'il faut franchir les Pyrénées pour avoir de la qualité. Aujourd'hui, il existe beaucoup d'artistes français avec lesquels nous travaillons régulièrement et qui méritent de partager l'affiche avec les artistes espagnols. Prenez l'exemple du guitariste Daniel Manzanas: son flamenco est flamboyant.

 

Sortir : Après 13 éditions, un souvenir vous revient-il particulièrement ?

M-L SC : Ma rencontre avec celui que je nomme le dernier des Mohicans: Agujetas de Jerez.

Il fait partie des derniers chanteurs d’une génération qui ne triche pas. Il offre une interprétation sans fioriture, anarchiste, sauvage, imprévisible, déchirante: une ligne directe entre son cœur et le nôtre sans passer par l’intellect. Je pourrais comparer son récital de 2004 à la salle Nougaro à une plongée envoûtante dans l’univers le plus ancestral du flamenco. Pendant un instant, le temps était en suspens.

 

Sortir : En 2015, la grande tête d'affiche sera incontestablement la Niña Pastori (photo) à la Halle aux Grains. Comment expliquer un tel charisme et une telle importance sur la scène flamenco ?

M-L SC : Elle est l’une des chanteuses les plus talentueuses de ces dix dernières années. La voix de la Niña Pastori est reconnaissable entre toutes. Avec plus de 2 millions de disques et trois Grammy Latino, en 2009 et 2011 pour le meilleur album flamenco et en 2014 pour le meilleur album folklorique, la Niña Pastori est devenue l’emblème international du flamenco nuevo.