Avant toute chose, pouvez-vous nous présenter votre instrument ?

La mandoline est un instrument à cordes pincées. Cousin de la guitare, il est accordé comme un violon. Ses origines sont méditerranéennes. Il a été beaucoup joué en Italie, mais aussi en Espagne et au Maghreb.  L’instrument a connu de grandes périodes de succès, notamment chez les élites au XVIIIe siècle. À cette époque, Beethoven a spécialement composé pour la mandoline. Au début du XXe,  les classes populaires l’ont à leur tour adoptée. Cela a aussi été le cas en France, surtout dans les milieux étudiants.

La mandoline est-elle beaucoup jouée en France ?

Chez nous, la mandoline est foncièrement liée à la tradition estudiantine (d’où le nom des Estudiantinas pour qualifier les orchestres de mandoline et de guitare). La pratique est essentiellement amateur. Depuis une trentaine d’années, un mouvement de professionnalisation s’est amorcé, avec l’ouverture de classes dans les Conservatoires. Il y a de plus en plus de concerts de mandoline.

Jouez-vous des pièces destinées à être jouées à la mandoline, ou s’agit-il majoritairement de transcriptions pour orchestres à cordes ?

Le répertoire original est très important, mais cela ne nous empêche pas de jouer des transcriptions de morceaux très connus. Les arrangements ont toujours existé. Au final, le fait de jouer des transcriptions ou non n’est pas un critère si fondamental. Ce qui compte, c’est la musique !

Pourquoi Toulouse est-elle une ville si importante pour la mandoline en France ?

L’Ensemble à Plectre de Toulouse (EAP) est un orchestre de mandolines et de guitares regroupant 50 musiciens. Il existe depuis 1886 !  C’est la plus ancienne société musicale d’Europe parmi les ensembles de mandoline. C’est la base sur laquelle je me suis appuyé pour bâtir mon projet : celui de faire progresser l’instrument au sein de l’académie, en ouvrant une classe au Conservatoire de Toulouse (CRR) en 2005. Cela a toujours été mon but : concilier le bouillonnement amateur et passionné pour la mandoline à la rigueur et à l’exigence de cette institution. L’objectif est de fédérer les énergies pour progresser.

Cet intérêt pour la mandoline dans le sud-ouest dépasse t-il la ville de Toulouse ?

Bien sûr. Un orchestre régional vient d’ailleurs de se monter : l’Orchestre de Mandoline Régional Midi-Pyrénées. Avec plus de 80 musiciens, il regroupe les ensembles de Toulouse, Albi, Tarbes… Il est dirigé par Claude Roubichou, soliste à l’Orchestre du Capitole.

Le jeudi 28 février, vous jouerez aux côtés de Domingo Mujica. À quand remonte votre collaboration ?

Je suis originaire de Paris. J’avais une vingtaine d’années quand je suis arrivé à Toulouse, et  Domingo a un peu été mon « parrain » ! Je l’ai connu à l’Orchestre du Capitole, et nous avons rapidement commencé à jouer ensemble. À la salle du Sénéchal, nous jouerons en duo des pièces de Hoffman, Vivaldi et Calace. L’entrée est gratuite.

Quels sont vos futurs projets ?

Je prévois de sortir un album consacré aux préludes de Calace. Je les côtoie depuis longtemps. J’ai senti que le moment était venu d’en laisser une trace discographique.

Pourquoi les mandolinistes sont-ils autant fascinés par Calace ?

Avant d’être un grand luthier, Raffaele Calace est considéré comme un des plus grands compositeurs de mandoline. Ses préludes sont au sommet de notre répertoire. Ils sont est peu « mythiques » pour notre instrument. C’est un Everest.  Ils sont aux mandolinistes ce que sont les Caprices de Paganini au violon.

Quand sortira l’album ?

À la fin du mois de mars !