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jeunesse

Le Petit Prince sur scène

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Dans une mise en scène de Frank Biagiotti, Olivier Maraval et Lisa Hauneau adaptent le petit Prince sur scène, accompagnés de quelques marionnettes qui tiennent les quelques rôles clés de l'histoire. Dans un entretien avec Sortir, Olivier Maraval nous parle de son spectacle.

Sortir : Pourquoi avoir choisi d'adapter le petit prince au théâtre ?

Olivier Maraval : Il y a quelques années, j'ai eu la chance de rencontrer le metteur en scène Franck Biagiotti , dont je suis fan. Quand j'étais petit, à l'école ou au collège, on allait voir des spectacles de cette compagnie. Je l'ai croisé dans les rues de Toulouse il y a quelques années, et en discutant avec lui il finit par me dire « je te verrais bien jouer le Petit Prince », et je lui ai répondu, au culot : « si tu me mets en scène, on le fait ». L'histoire a débuté comme ça. Il faut savoir que Franck Biagiotti est fan du Petit Prince depuis qu'il est tout petit. Ça réveille en lui des souvenirs d'enfance, avec le 33 tour où Gérard Philippe avait prêté sa voix pour une lecture du Petit Prince, et c'est toujours resté dans son inconscient.

Sortir : Et vous ? Quel était votre rapport au Petit Prince avant de le jouer sur scène ?

Olivier Maraval : Ma mère était une grande fan du livre de Saint-Exupéry, donc je me souviens que lorsqu'on était tout petit, elle nous le lisait, elle nous montrait des cassettes vidéo racontant cette histoire. À cette époque là, ça ne me parlait pas du tout. Mais je m'y suis réellement intéressé quand Franck Biagiotti m'a proposé de jouer ce spectacle, et il est vrai que, même si l'oeuvre date de 1943, c'est un livre dont les thèmes sont encore très actuels, notamment sur le matérialisme, la recherche de l'argent à tout prix. Ce sont des choses qui sont tout à fait d'actualité aujourd'hui, et justement le Petit Prince, qui est-il ? Et bien c'est cet enfant intérieur qui va venir éveiller l'adulte en lui disant « maintenant il faut se ressaisir, voir le côté positif du monde », et le sortir de ces choses négatives que peuvent être l'argent, le matérialisme, et tout ces sujets-là.

Sortir : Justement l'aspect philosophique est un côté qui ressort à la lecture du Petit Prince. Comment l'avez-vous mis en scène dans la pièce ?

Olivier Maraval : Ce qu'a vraiment voulu mettre en avant le metteur en scène, c'est justement cette idée que le Petit prince est « l'enfant intérieur » d'Antoine de Saint-Exupéry. C'est déjà un angle très philosophique. Ce qui a été difficile ensuite c'est de mettre en scène cette vision là pour que ce soit accessible aux enfants. Franck a réussi à faire cela, dans le sens où dans le spectacle il y a des moments très posé, très poétique, mais aussi des scènes avec beaucoup de comédie et d'absurde, ce qui fait que l'intrigue tient le spectateur et que les enfants la comprennent très bien. La toute première représentation s'est faite devant des classes de maternelle, et on appréhendait un peu en se disant « c'est poétique, philosophique, métaphorique, vont-ils comprendre ? ». Comme ils en avaient parlé auparavant en classe, on s'est rendu compte qu'ils avaient compris énormément de choses du texte de Saint-Exupéry. Ce qu'on répète souvent, c'est que c'est un texte que l'on peut lire quand on est enfant, quand on est ado, quand on est adulte, parce que c'est une oeuvre qui résonne en nous tout au long de notre vie. Personnellement, à chaque lecture ou a chaque représentation du Petit Prince, je comprend toujours plein de choses différentes à son propos.

Sortir : Vous avez créé cette pièce en 2018, est-ce que la pièce a évoluée depuis sa création ?

Olivier Maraval : Au niveau du texte rien n'a été modifié, puisque nous devons de toute façon respecter l'oeuvre au pied de la lettre. Ce qu'a voulu faire le metteur en scène, c'est de resituer l'histoire du Petit Prince dans l'histoire avec un grand H, en écrivant un prologue et un épilogue où il resitue l'action au 31 juillet 1944, le jour où Saint-Exupéry va prendre son avion pour faire de la reconnaissance géographique, pendant la seconde guerre mondiale. C'est là qu'on arrive dans la fiction, quand Saint-Exupéry va découvrir une lettre qui lui est envoyée par le Petit Prince qui lui dit « viens me retrouver mon ami, je t'attend impatiemment ». C'est ensuite que l'on retrouve l'histoire du Petit Prince. Aujourd'hui, on a fait une nouvelle adaptation dans la mise en scène et dans le jeu d'acteur. La mise en scène avait été écrite en rapport avec ce que dégageait Françoise Hérault, ma partenaire de scène sur cette pièce. Françoise étant partie à la retraite, je travaille maintenant avec une jeune comédienne, Lisa Aunneau, et il a fallu qu'elle s'accapare les rôles. On a donc fait un travail de mise en scène et de direction d'acteur avec le metteur en scène, qui nous a amené dans d'autres directions, et donné d'autres interprétations au texte que nous allons transmettre sur scène. Donc oui on peut dire qu'il y a une nouvelle lecture, et puis c'est un texte tellement riche qu'il y a énormément d'interprétations possibles. C'est très chouette de pouvoir jouer ce texte-là autrement, de transmettre d'autres messages avec les même mots.

Sortir : Pourquoi le choix des marionnettes pour incarner les personnages du Petit Prince ?

Olivier Maraval : La première raison c'est que sur scène nous n'étions que deux, et dans le Petit Prince, il y a énormément de personnages. On ne pouvait évidemment pas tout jouer, et le fait d'avoir des marionnettes permet de mettre en scène d'autre type de personnalités pour les personnages. On est dans un univers poétique, métaphorique. Par exemple, la rose pour Saint-Exupéry est une métaphore de la femme, donc on a voulu mettre en scène cette métaphore-là. L'allumeur de réverbère, on en a fait un fonctionnaire qui ne doit répondre qu'à la consigne. Le businessman, on en a fait une calculatrice. Tout cela, un comédien ne peut pas forcément le jouer en étant « deshabillé » sur scène. La marionnette nous permettait un prolongement de nous-même pour jouer ces rôles.

Sortir : Est-ce que c'est un spectacle spécifiquement pour le jeune public ou les adultes peuvent-ils aussi y trouver quelque chose ?

Olivier Maraval : Pour nous c'est un spectacle tout public, que l'on rend accessible à partir de 3 ans. Parce que c'est un livre qui peut nous accompagner sur notre table de chevet à tout âge. Justement le côté philosophique du texte, les adultes peuvent mieux le comprendre. On a d'ailleurs souvent des adultes qui viennent voir le spectacle seuls.

Sortir : Au niveau de votre compagnie avez-vous d'autres projet prochainement ?

Olivier Maraval : Je joue une projet qui me tient à cœur et qui s'appelle Roule, Tangue et Vent Debout au Théâtre Jean Alary à Carcassonne du 5 au 7 mai 2024. Je suis super content de ça parce que c'est un beau théâtre à l'italienne de 600 places.

 

Propos recueillis par Nicolas Lecomte

 

 

Publié le 30/11/2023 Auteur : nicolas lecomte

Le Petit Prince est en représentation le 10 décembre à 16h au Bascala de Bruguières.


© S.Ahmed


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