Trois acteurs incarnent à eux seuls tous les personnages pour nous raconter l’histoire de Tchitchikov, petit propriétaire terrien tendance mafioso qui s’ingénie à tromper le fisc en achetant à bas prix des serfs morts et en les revendant. Ces « âmes mortes » encore vivantes pour l’administration sont transférées dans une région où l’on donne des terrains à ceux qui ont beaucoup de serfs… Cet ingénieux trafic précurseur d’une spéculation cynique des vivants sur les morts dans l’espoir de faire fortune met à nu les rouages de la bassesse humaine. Les sentiments extrêmes s’entrechoquent, on hésite entre l’horreur, l’incrédulité et le rire devant le désastre qui prend vie sous nos yeux et ce n’est pas la mascarade politique à laquelle se livrent en ce moment Poutine et Medvedev qui vont nous faire changer d’avis sur la Russie.
Le prix de la vie
Gogol pour les Russes, comme Pouchkine son contemporain et ami, est une légende vivante. Anton Kouznetsov, ancien élève et assistant de Lev Dodine au Théâtre Maly de Saint- Petersbourg, a dirigé le Théâtre National de sa ville natale, Saratov jusqu’au jour où il fut remercié. Aujourd’hui responsable pédagogique de l’Académie de Théâtre du Limousin, il a choisi de réaliser le rêve du jeune Gogol qui au lycée voulait devenir acteur, en mettant en scène Gogol écrivant Les Ames mortes. Le texte magistral nous entraîne vers un éternel purgatoire où l’homme russe, maudit, est enfermé à jamais. Gageons que quand Kouznetsov évoque l’absurdité de la Russie, Gogol ou pas, il sait de quoi il parle, lui qui a été viré de la direction du théâtre de Saratov et menacé de mort dans une Russie contemporaine où bien des hommes politiques ressemblent aux personnages de Gogol, mais leur scène à eux, c’est le monde !
Publié le 26/09/2011
Du 7 au 15 octobre 2011, Idéal à Tourcoing. Tél.03.20.14.24.24. Tarif : de 7 à 23 €