0eff62d711c010d84e9cddd056ede2e46713b749
2cd0ed8bb8da5692a2d7934de203bd962ca8cb32
B9b75ddec9a61b1fe3f4911979cdb1c0e797d076
29555f24d64d953f3b80131ec6dfbe5a531b9ab5
81e267628df5d8ef33b2e59f0623e5a528b0db4b
4f8dd14f6e9e3d1783283140292e9f069a7262c9
Fermer
loisirs

Le sida ne passera pas !

Frac et Solidarité Sida proposent deux événements pour se souvenir que le Sida reste une maladie mortelle.

Shirin Neshat.jpgLe Frac, Fonds Régional d'Art Contemporain propose un parcours, intitulé Pilot Light, dans six lieux métropolitains, salle d'expo ou hôpitaux, comme au CH Dron, dans le service des maladies infectieuses, où sont suivis 1 800 des 2 500 patients atteints du Sida dans le Nord-Pas de Calais : 10 photographies, bouleversantes, exposées dans le hall d'entrée. « Le VIH est devenu une maladie chronique comme le diabète, mais si on peut aujourd'hui dire que l'on est diabétique, il reste difficile d'avouer sa séropositivité : l'art peut aider », constate Yazdan Yazdanpanah, le chef du service. « Chaque année en France on dépiste 6 500 nouvelles infections : c'est beaucoup pour une maladie que l'on peut prévenir. Si le dépistage se fait tardivement, c'est nocif pour soi-même, plus difficile à soigner, et pour les autres, que l'on a pu infecter. Tout le monde est concerné, et doit se faire dépister ; là encore, l'art nous aide à promouvoir ce dépistage ! » Une des oeuvres est d'ailleurs tournée vers ce sujet, et sera exposée le 23 mars au lycée Montebello, à partir d'avis deGeneral Idea - AIDS (2).jpg dépistage, anonymes, qui devaient au départ être fournis par les lycéens, mais seuls 3 sur 1 000 ont bien voulu participer : « on lance donc un appel : envoyez-nous vos avis ! » lance Hilde Teerlinck, la conservatrice du Frac, qui a elle aussi fait le test, « pendant 24h, j'ai eu peur. Et si... C'est une belle oeuvre car elle demande au public de se mettre dans le peau des malades ! » L'art contemporain est donc là pour soulever des problématiques, ou rappeler l'histoire, comme à l'Espace Carré, avec cette sélection d'oeuvres des années 80, début de l'épidémie. Vidéos, affiches, photographies, clips musicaux (40', des Smiths à Suede) d'artistes américains, exposés à l'époque à San Francisco, sur ce sujet alors complètement tabou. On découvre également des oeuvres à la Maison Folie de Moulins. La plus marquante : cette maquette d'un charmant village Thaïlandais, qui, à mesure que l'on s'approche et déchiffre les panneaux, se fait moins idyllique : n'y vivent plus que des enfants, souvent condamnés à mort faute de médicaments, et leurs grands-parents, toute la génération entre 20 et 40 ans décimée. La plus participative : l'oeuvre de Mehdi A, artiste nordiste présentant un paysage de corps, formes fragiles moulées sur différentes personnes, japilot light.jpegmbe, bras, cou, dispersées, un corps à reconstruire, et derrière, un tableau vert : exprimez-vous ! On laisse la parole au président d'ArtAids, fondation partenaire du projet, Han Nefkens : « séropositif depuis 1997, un rapport sexuel non protégé a changé toute ma vie, ce sentiment illusoire que rien ne peut vous arriver a été brisé. Un combat contre un ennemi aussi mesquin qu'intelligent : la médication antirétrovirale est loin d'être une panacée, je dois suivre un régime de vie draconien, je suis régulièrement fatigué, mon apparence physique a changé, j'ai des nausées, suis insomniaque... Mais chanceux par rapport à des millions de personnes qui vivent dans des pays non occidentaux et n'ont pas accès au traitement. C'est pour cela que j'ai créé ArtAids. La seule façon d'arrêter cette pandémie, c'est la prévention : au moins 30% des Européens contaminés l'ignorent. Les artistes s'emparent de ces réalités, l'art sert de véhicule au changement. Dans ce projet Pilot Light, chacun apporte quelque chose, artistes comme institutions, nous créons l'antidote le plus efficace contre l'exclusion : travailler ensemble ! »

Continuer à se protéger

Tout autre événement : la Nuit du Zapping qui rempile pour une sixième édition, Emmanuel zapping2.jpegDollfus, responsable communication de Solidarité Sida, asso organisatrice, en explique le principe : « 6 heures de programme, sur écran géant, le meilleur et le pire de la télé, des images cultes, que l'on redécouvre ou d'autres qui font vibrer, avec un montage dynamique ! » On ne s'ennuie pas une seconde, 90% du public reste de la première à la dernière image... à 3h30 du matin ! nuit du zapping.jpeg

C'est tour à tour drôle, émouvant, choquant, révoltant parfois, le public passe d'une image, d'une émotion à l'autre, 2 000 personnes réagissant au même moment. Entre deux émotions, des pauses café/bonbons, des animations, des jeux, et bien entendu, distribution de préservatifs et sensibilisation autour du sida avec les associations présentes. « Ce n'est pas juste fun ou délire, c'est aussi une réflexion, une ouverture d'esprit sans se prendre la tête. Un projet intelligent, qui fait réfléchir : on passe des films de prévention, des images du zapping autour de ces questions ». Car l'événement a d'abord pour but de récolter des fonds, 300 000€ de bénéfices sur la vente des billets attendus sur la tournée, grâce au prêt gracieux des images par Canal +, des nombreux partenariats, avec entreprises ou collectivités locales, et surtout au gros travail des bénévoles, une cinquantaine sur chaque date. De l'argent reversé à des associations d'aide aux malades, « la recherche étant trop onéreuse », à l'étranger, mais aussi en France, « en l'orientant vers la grande précarité et l'aide d'urgence ». Le second objectif de la manifestation est bien de sensibiliser le public, « sur place, et à travers l'écho médiatique. On ne martèlera jamais assez le message : il faut continuer à se protéger ! »

Publié le 15/02/2010 Auteur : S. Morelli

Pilot Light, jusqu'au 21 mars. Cinéma L'univers, Maison Folie de Moulins, Hôpital St Vincent de Paul, Espace Carré à Lille et CH Dron à Tourcoing. Entrée gratuite. www.fracnpdc.fr

Nuit du zapping, le 26 février au Nouveau Siècle, place Mendès France à Lille. Tarif : 22€. www.lanuitduzapping.com


Mots clés : loisirs