Sortir : Que raconte le spectacle ?

Gérald Dumont : C'est l'histoire de la rencontre entre Damien, un personnage qui hante un peu mon théâtre depuis une quinzaine d'années, la vingtaine, qui n'a pas sa langue dans sa poche et aime dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas et M. Martin, lequel se présente comme monarque du royaume autonome et nomade de Providence. J'ai écrit cette pièce dans le cadre d'une commande d'écriture du Théâtre de la Tête Noire de Saran grâce auquel j'ai effectué un voyage en transsibérien et dont je suis revenu avec cette pièce. Je n'avais pas spécialement envie de la monter moi-même mais elle a, entre temps, été éditée en France et traduite en Allemagne et je me suis finalement dit que ce serait bien que je m'y colle.

Sortir : Retrouver un personnage dont vous parsemez votre théâtre, c'était un besoin ou un hasard ?

G. Dumont : Je ne sais pas vraiment. Un matin au cours de mon voyage, j'étais dans une gare non loin du désert de Taklamakan, il était 4h30 du matin. J'avais une vague idée du spectacle et je m'ennuyais. Et je me suis dit qu'il serait bien que ce personnage de Damien soit là. Du coup je l'ai inclus. C'est un plaisir de le retrouver et à l'écriture comme sur scène, avec le comédien Damien Olivier, la complicité est immédiate.

Sortir : Inscrire le théâtre dans le monde d'aujourd'hui, c'est quelque chose d'important pour vous ?

G. Dumont : Le théâtre est, peut-être, l'art le plus social qui soit. Je trouve dommage de se priver de parler de ce qui agite le monde, sans nécessairement le faire à tout bout de texte pour autant. Mais que les bruits du monde aient une place sur scène me paraît important. Pour autant, Taklamakan n'est pas du tout un spectacle politique, c'est un moment plein d'humour, potache et décalé mais plein d'autres choses plus sérieuses aussi. Un truc un peu foutraque qui s'appuie sur juste un peu de vidéo et la rencontre singulière de deux personnages.