Pulp, noir et gore

Créé par Wil Eisner et adapté (avec peu de réussite) par Frank Miller au cinéma il y a quelques années, le Spirit est au film noir ce que Doc Savae est au pulp : un archétype. Imaginé par un des papes de la bande dessinée moderne, le personnage (justicier qu'on dit mort et qui revient poursuivre sa quête de justice dans les rues de sa ville largement corrompue) trimballe son chapeau mou, son grand imperméable et sa cravate rouge dans un récit qui, à défaut de transpirer d'originalité, s'inscrit dans la droite ligne des grandes heures du Spirit originel. Le graphisme y gagne un trait évidemment plus moderne et des couleurs plus travaillées (dans des tons presques tous passés ou dilués) et le lecteur un album efficace grâce au trio formé par David Hine, Mark Schulz et Moritat.
Même constat pour le cousin d'en face, j'ai nommé Doc Savage, redoutable génie aussi athlétique que brillant (imaginez le Daniel Craig des dernier James Bond dans les habits d'un pré-Indiana Jones) qui ne bénéficie pas d'un récit aussi travaillé mais les amateurs prendront plaisir à retrouver l'Homme de Bronze sous la conduite de B. Clay Moore, Paul Malmont et Howard Porter.

Devenu incontournable parmi la production d'Ankama, DoggyBags, avec sa ligne éditoriale originale et ses auteurs investis dans le procédé, revient pour un troisième tome. Pour mémoire, sous la houlette de Run, tout un paquet d'auteurs viennent y proposer ou y dessiner une histoire horrifico-gore-trash. Cette fois on plonge dans le folklore mexicain autour d'un tueur rattrapé par ses crimes, d'une jeune femme vengeresse et du combat de flingueurs sans scrupules contre les membres des cartels mexicains. Très regroupé autour d'une thématique, ce tome doit évidemment beaucoup à Florent Maudoux, génie du dessin et à sa relecture efficace de la danse des voiles mais aussi à ses comparses, Run et Neyef ainsi que Gasparutto et Giugiaro pour leurs récits dynamiques, sanglants et parfaitement dans le ton. DoggyBags ressuscite un genre, et il le fait très bien !