Pis encore, une véritable guerre civile. D'un côté, les insurgés, en passe de prendre la ville. Face à eux, un Pouvoir et une Police impuissants, préférant suivre les évènements du Balcon, à leur façon, surréaliste. Dans une chambre tapissée de miroirs, un vieillard se fait fouetter par une Fille dominatrice ; dans une autre, un homme habillé en général et une Fille, dans le rôle de la jument, vantant ses exploits militaires ; dans un troisième salon, une Fille, fouettée par un "bourreau", accepte de confesser ses crimes à un "juge" à condition que ce dernier lui lèche les chaussures. Loin, très loin de la réalité de la rue. Jusqu'à ce que la rue ne les rattrape tous : le Pouvoir évidemment, toujours plus menacé, les Filles aussi, réquisitonnée afin de galvaniser le peuple armé, et même Madame Irma, la mère maquerelle, appelée à remplacer la Reine...
Sexe, pouvoir et illusions
En temps de révolution, il y a du monde, un monde fou au Balcon. Le Balcon, c'est le bordel favori des puissants, là où tous les fantasmes sont permis. Dehors pourtant, la révolte gronde.
À la base, une pièce de Jean-Pierre Genet adaptée par le compositeur hongrois Peter Eötvös, aujourd'hui reprise par Kwamé Ryan, « un de ses disciples ». À l'oreille, un opéra réunissant « tous les genres de la littérature musicale mêlés aux bruits de la rue », ou le mariage du parler et du chanter célébré par des artistes d'opéras « également diseurs ».
Une oeuvre « quasiment entièrement refaite » pour Bordeaux et l'ONBA, à travers une mise en scène davantage appuyée sur « l'humour et la légèreté », couplée à une partition enrichie, intégrant « plus de cordes » (violons, violoncelles, contrebasses) au service d'une musique « plus crémeuse ». Touches de tendresse dans ce monde de brutes.
Publié le 10/11/2009
Le Balcon, les 20, 22, 23 et 27 novembre au Grand-Théâtre (22 à 82 euros). Tel : 05.56.00.85.95. www.opera-bordeaux.com.