Bien peu connu aujourd’hui du public français, le plus grand poète turc du XXe siècle revit dans ce roman qui nous emmène dans un Berlin interlope avant la chute du Mur. Au cœur de cette Europe de la Guerre froide qui fut celle de la jeunesse de Nedim Gürsel, éternel nostalgique du monde d’hier à la manière de Stefan Sweig. Réflexion sur la plus grande utopie du XXe siècle, le communisme, celui pour qui Nâzim Hikmet, grand partisan des « lendemains qui chantent » s’enthousiasma, ce qui lui valu pas mal d’années de prison et l’exil au bout du chemin, on découvre dans cet hymne à la gloire du poète turc mais aussi à Kreutzberg - le Berlin des Turcs - à Rosa Luxembourg, aux Jeunes Turcs, aux spartakistes et aux communistes, le lien entre les jeunes communistes turcs et leurs homologues allemands. Construit sur d’incessants allers-retours entre passé et présent, Berlin et la Turquie, avec en filigrane l’histoire d’un immigré turc qui croise celle de Nâzim Hikmet, ce livre, entre roman d’espionnage et bio-fiction est dédié aux fantômes du XXe siècle qui n’ont pas fini de nous hanter.