Charles est un vieillard fatigué. Voilà des années qu'il est seul, hébergé grâcieusement par Jeanne, veuve d'un de ses amis. Lorsque cette dernière se remarie, elle demande à Charles de quitter, avec son chien, la chambre qu'il occupe. Leïla, la jeune bonne, quia tant pris soin de lui se résoud difficilement à cette séparation, d'autant qu'elle-même doit faire face à une grossesse mal assumée par le père de son futur enfant. Après quelques jours passés à l'hôpital, Charles se retrouve à la rue, seul, avec son chien.
Un homme et son chien
Pétri de références, et nourri d'une observation attentive tout au long d'une riche carrière, le premier film de Francis Huster pour le cinéma se veut très maîtrisé. En cherchant à adapter l'Umberto D de Vittorio de Sica, il est allé chercher un Jean-Paul Belmondo vieilli pour porter ce récit d'un abandon progessif. S'appuyant sur une réalisation d'une aridité assumée et d'un classicisme recherché, et sans rien cacher de ce que le temps a pu laisser comme marques, Huster en joue au contraire beaucoup. Délaissant tout artifice au profit d'un réalisme d'une sécheresse parfois cruelle, il donne à voir une fin de vie solitaire, une misère devenue presque invisible parce qu'ordinaire. Si la prestation d'un Belmondo diminué sert admirablement le sujet, elle ne manque pas non plus de générer un certain malaise, prolongé par la volonté d'Huster d'inviter dans son casting une palanquée de vieilles gloires du cinéma aujourd'hui absentes des écrans et d'acteurs du cru qu'on ne peut s'empêcher de soupçonner d'être venus là pour rendre hommage à une icône du cinéma français. De réflexion pertinente sur la place des personnes âgées le film glisse alors vers un regard sur les des seniors du cinéma qui, parce qu'il pourrait bien être le dernier, prend soudain des allures d'hommage. Volontaire ou non, ce panorama parasite le film autant qu'il dérange, gâchant par là un portrait qui pourrait être réussi s'il collait moins à son acteur principal.
Publié le 13/01/2009