Zemlinsky - Le Nain
Certes, héritier de Mahler et Richard Strauss, Zemlinsky ne révolutionne pas le langage musical de son époque, mais c’est avec une grande maîtrise qu’il le met au service d’une musique expressionniste et sublime qui porte l’émotion d’une terrible histoire à son comble. Inspiré par la nouvelle d’Oscar Wilde, L’anniversaire de l’infante, Le Nain met à nu la cruauté des hommes et la destruction d’une âme, celle du Nain (remarquable Mathias Vidal), par l’Infante, Donna Clara (Jennifer Courcier), à qui on l’a offert en cadeau pour ses 18 ans et dont il est amoureux fou sans se rendre compte, au départ, de sa difformité qui, quand elle lui sera révélée, provoquera chez lui une insurmontable douleur mortelle. L’Infante lui fera croire qu’elle répond à ses sentiments, puis le jettera comme un vieux jouet cassé. Nous sommes à l’époque de Vélasquez, et son statut mi humain-mi animal le destine à distraire et amuser le Roi, sa fille, l’Infante et les courtisans.
On a dit que cet opéra saisissant et pathétique était autobiographique puisque son auteur fut qualifié de « gnome » par Alma Mahler. Daniel Jeanneteau signe là une mise en scène toute en finesse qui rend palpable cette « tragédie fulgurante, transmutant l’ironie désabusée de la fable en une parabole sidérante sur la sincérité et l’amour vrai. » Pour rendre justice au grand talent d’orchestrateur de Zemlinsky, c’est la version pour 18 musiciens qu’interprète de manière tout à fait convaincante l’Ensemble Ictus dirigé par Franck Ollu.
Publié le 15/11/2017
Du 16 au 20 novembre 2017
Opéra de Lille, place du théâtre à Lille. Tél.03.62.21.21.21
18 novembre, 17h, café-rencontre avec Daniel Jeanneteau
19h30, bord de plateau avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation.
Exposition du 16 au 20 novembre les soirs de représentation, Alexander Zemlinsky, l’étranger, un musicien à la croisée des mondes. En collaboration avec la Fondation Royaumont et la Médiathèque Musicale Mahler.